Question publique à la ministre ROSSIGNOL - Ali Babar Kenjah

C’est le blanc qui crée le nègre. Mais c’est le nègre
qui crée la négritude. A l’offensive colonialiste
autour du voile, le colonisé oppose le culte du voile.
Frantz FANON, L’Algérie se dévoile, 1959

Madame la ministre,

Sachez Madame qu’il y a des mots que l’honneur et la décence vous interdisent. Que le verdict de
l’Histoire a scellé la honteuse ignominie de toute bouche de domination proférant le mot nègre. Vous avez parlé comme parlent les colons des Antilles, comme parlaient les colons en Algérie. Vos mots sont parole d’Etat, d’un Etat qui mène la guerre à une partie de sa population. Sachez, Madame, que la seule légitimité du mot nègre, sa seule humanité, appartient à ceux qui ont retourné l’offense et le sang en négritude.

Sachez Madame que la simple expérience de vivre dans un quartier populaire suffit à dénoncer la
volonté de nuisance et la délation pernicieuse de votre entreprise de ségrégation. Que vos propos
constituent une insulte de plus à ces milliers de femmes voilées d’origine maghrébine, africaine ou
européenne qui apportent la vie et la joie dans nos quartiers, qui incarnent le dévouement et la solidarité pour les plus précaires... qui sont l’âme, la main et le coeur d’un tissus associatif qui maintient la société là où ceux de votre société ne vivent plus...

Sachez, Madame, que le rôle que vous jouez en agitant vos fantasmes coloniaux, a déjà été, dans
notre histoire, interprété par d’autres sur lesquels la morale universelle a ensuite craché avec mépris. Que vous avez trahi le droit des femmes dont vous avez la responsabilité. Que le respect de vos fonctions et la maîtrise de vos dossiers vous imposent une attention particulière à vos concitoyens, attention que vos propos stigmatisants bafouent avec la violence d’une pensée sectaire. Avec l’arrogance d’une certitude infondée....

Et que par conséquent, nous sommes nombreux à souhaiter que cette infamie vous suive à jamais comme une ombre, nourrissant que la mémoire conserve vivante l’expression d’une servante de l’Etat accomplissant la sale besogne, aux noms mêlés du nationalisme et du «socialisme»...

Madame la ministre, quand comptez-vous annoncer la création de camps pour y interner les femmes voilées musulmanes ?

Ali Babar
FUIQP Grenoble